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 RESPECT ET VERITE
Ch.15: Ordre public

15 : ordre public

Quidam :
Bon, une justice plus efficace, des prisons plus éducatives, certes, mais ça repose avant tout sur un bon maintien de l'ordre. Or cette question de l'ordre public fait aussi débat tant elle est loin de satisfaire nos concitoyens. Comment faire évoluer les choses ?

PG :
Qu'est-ce qui ne fait pas débat de nos jours, on se le demande. Quand la société se délite, ce ne sont pas les motifs de mécontentements qui manquent. Mais il est vrai que c'est là encore un sujet essentiel.
L'ordre public répond au besoin de sécurité de l'être humain. C'est le deuxième niveau de la pyramide de Maslow juste après les besoins physiologiques. C'est dire s'il est fondamental. Car ce qu'on appelle communément maintien de l'ordre, ce n'est pas que tout soit bien rangé et propre avec chacun à la bonne place et bien coiffé, pour faire plaisir aux maniaques du rangement et de l'organisation, dont je confesse d'ailleurs avoir parfois tendance à faire partie. C'est avant tout empêcher que les débordements d'autrui ne nuisent à tout un chacun et n'empêchent les citoyens de poursuivre leurs propres objectifs personnels. Maintenir l'ordre, c'est en fait assurer le respect entre les individus, respect de leur intégrité physique et morale, respect de leurs biens, respect de leurs idées et de leurs droits, tout en s'assurant qu'eux-mêmes respectent leurs devoirs envers la collectivité et autrui. Alors sans ordre public, il n'y a pas de société, simplement parce qu'il est indispensable pour garantir à chacun la possibilité de rechercher la satisfaction de ses différents niveaux de besoins. Et faute de constater qu'il s'instaure spontanément comme on pourrait l'espérer dans une société idéale, il faut se doter des moyens de le garantir autrement.
Ce préambule étant posé pour expliquer que cette question n'est pas négociable, je traiterais l'ordre public le plus simplement du monde : en assurant son maintien.

Quidam :
C'est facile à dire, ça. Ca fait des décennies que les politiciens rivalisent de déclarations plus fermes les unes que les autres, en tentant de se glorifier à l'aide de quelques chiffres à la fiabilité douteuse, mais que la situation, de l'avis des citoyens, se dégrade de plus en plus. Alors concrètement, que pensez-vous qu'il faut faire ?

PG :
Concrètement, ainsi que je l'ai dit, simplement assurer le maintien de l'ordre. Car ce n'est pas le cas aujourd'hui. Donc, concrètement, simplement s'en donner les moyens. Ce n'est pas non plus le cas aujourd'hui. Ainsi que vous le dites, les politiciens brassent de l'air, mais sans que les résultats ne soient à la hauteur de leurs discours parce que ceux-ci ne s'appuient pas sur des actions. Donc pour maintenir l'ordre, il suffit de cesser de parler, de laisser tomber les formules rhétoriques diverses et d'agir.
S'en donner les moyens, c'est d'abord au niveau de la police. Aujourd'hui, on constate que l'ordre public est de plus en plus troublé. Non par le développement du grand banditisme, car ce n'est pas le braquage d'un camion de transporteur de fonds ou d'une bijouterie qui fait frémir les gens. Non, il l'est surtout par la propagation de la petite délinquance. Toutes ces incivilités au quotidien, les petits larcins, la banalisation de la violence qui dérape trop souvent vers de grands effets, passage à tabac en public, viols, meurtres. Et la police est dépassée. Les citoyens s'en plaignent, mais pour autant ils conspuent les forces de l'ordre. Que ce soit pour l'impression de se faire racketter à force de PV, que ce soit parce qu'ils voient et revoient aux infos la police assister sans broncher aux saccages de magasins ou de voitures, que ce soit parce qu'ils se font envoyer paître quand ils appellent le 17 pour du tapage nocturne, ou que ce soit parce qu'ils se font traiter comme des criminels s'ils se font prendre à 60 en ville au lieu de 50 tandis que les voyous des cités demeurent intouchables. Les griefs de la population à l'égard de sa police sont légion et pas forcément injustifiés.
Mais force est de reconnaître que le français aime fondamentalement cracher sur sa police. Réminiscence de l'esprit rebelle gaulois, je suppose. Astérix, c'est un régal de bande dessinée, mais comme conditionnement social des enfants, c'est une catastrophe. Car la police, si on peut s'en passer dans un village sauvage au sein de la jungle, dans une société d'aussi grande taille que la société française, c'est fondamental. Tous les citoyens aiment à la critiquer, mais implore son secours dès qu'il leur arrive un problème. Qui sont les héros des séries télévisées ? Principalement des policiers. Les nouveaux justiciers modernes, qui souvent d'ailleurs, pour protéger le citoyen, doivent outrepasser des lois dont on a déjà vu qu'il fallait les faire évoluer. Mais en attendant, là non plus, ce n'est pas terrible comme conditionnement de la population.
Reste qu'à force de se faire cracher dessus par tout le monde, y compris par sa propre hiérarchie, voire par ses vétérans retraités dont on attendrait plutôt davantage d'empathie et de soutien, la police française est malade, ne sait plus assumer sa responsabilité et du coup la société déraille. Et le maintien de l'ordre n'est plus vraiment assuré. Mais pourquoi le serait-il puisque les policiers se font sanctionner pour des broutilles lorsqu'ils interviennent, voire se font reprocher d'être intervenus au lieu de « jouer l'apaisement » selon la formule consacrée ? Rien que se protéger eux-mêmes dans les cas de légitime défense est suspect. Il y a un moment où, tel le chien de Pavlov, le policier enregistre la leçon et en tire les conclusions : tout ce qu'il fera pourra être retenu contre lui. Il aimerait remplir sa mission, mais la volonté politique fait défaut. Alors il souffre de dissonance cognitive aiguë.
Résultat : une cinquantaine de policiers se suicident chaque année dans un étourdissant silence, bien qu'en majorité ce soit accompagné de la détonation de leur arme de service. Qu'un salarié de Renault ou de France Telecom se donne la mort, là par contre, tous les journaux en parlent, les politiciens s'agitent pour critiquer les rythmes de travail, les syndicats se mobilisent contre la pression et le stress, etc. Mais un poulet qui euthanasie son désespoir, qui s'en soucie ?

Quidam :
C'est sûr qu'il ne fait pas bon être flic dans ce pays. Ils s'engagent plein d'enthousiasme pour servir la société et maintenir la paix, mais rapidement, la fierté de protéger les gens disparaît et ils en viennent à ne plus oser dire quel est leur métier.

PG :
La vie du policier n'est franchement pas terrible. Et puis je vous dis pas pour leurs enfants ! Ils se font dérouiller à l'école dès que les petits caïds apprennent qu'ils sont fils de flic, si bien que ces gamins deviennent les premiers opposants au métier de leur parent. Quelle vie de famille ! Comment s'étonner que le taux de divorce des policiers soit si élevé.
Pour arranger le tout, le policier a la malchance d'être soumis aux aberrations du fonctionnement de la fonction publique. Plus ils ont d'ancienneté, donc davantage d'expérience et de maturité pour faire face aux situations tendues, et plus ils ont de possibilité d'obtenir une mutation dans une ville tranquille. Par contre, quand ils sortent de l'école de police, plein d'enthousiasme mais encore en rodage, ils ont au contraire de bonnes chances d'être envoyés sur les postes sensibles des quartiers difficiles, pour lesquels ils s'aperçoivent, mais un peu tard, qu'ils n'ont pas du tout été préparés. On retrouve exactement la même problématique dans l'Education Nationale.
Comment s'étonner qu'ils pètent les plombs et explosent parfois par des écarts de langages ou des abus de pouvoir au détriment du citoyen ordinaire, exutoire facile parce qu'il n'ose pas trop la ramener ? Il n'y a aucune sérénité dans leur travail, et bien peu d'équilibre dans leur vie personnelle. Il faudrait des surhommes, d'une force intérieure peu commune, pour réussir à maintenir une bonne qualité de service à la société. Mais ces pétages de plombs, pour compréhensibles qu'ils soient, restent inexcusables et ne font qu'augmenter encore le gouffre entre la police et la population qu'elle est censée servir.

Quidam :
Alors que faire pour réconcilier le peuple avec sa police ?

PG :
Pour ça il faudra que le bon peuple change d'attitude vis-à-vis de l'autorité. En Allemagne ou en Angleterre, la relation du peuple avec la police est différente parce que l'attitude culturelle est différente. En France, c'est plus proche de l'Omerta. Et pas qu'en Corse. Si les citoyens veulent que la police puisse faire efficacement son travail, il va falloir qu'ils commencent par l'aider au lieu de lui mettre des bâtons dans les roues et lui opposer le silence. C'est un changement de mentalité en profondeur qu'il importe d'encourager. Alors ça risque de prendre pas mal de temps.
Mais en attendant que ce miracle culturel se produise, on peut déjà y contribuer en restituant à la police les moyens de faire correctement son travail. Les policiers sont pour le moment émasculés, au point que quand ils se font tirer dessus, ils n'osent même pas répliquer de peur de se le faire reprocher et d'être sanctionnés. Pendant les émeutes de Villiers-le-Bel fin 2007, plus de 150 policiers ont été blessés dont plus de la moitié par balle. Mais pour autant, même en voyant un jeune qui leur tirait dessus avec un fusil à pompe et qui dégommait leurs collègues les uns après les autres, ils n'ont pas tiré. Sens aigu du sacrifice ou bien naufrage d'un humain dépassé par une situation ubuesque ? Non seulement ils auraient dû tirer par légitime défense, mais ils auraient dû tirer par devoir de protection de personnes en danger : leurs collègues ! Comment voulez-vous que les voyous respectent la police si ils peuvent sans risque s'en servir de cibles même pas émouvantes ? Comment voulez-vous maintenir l'ordre si les voyous savent qu'ils sont les plus forts ? Comment voulez-vous que la population respecte sa police si celle-ci n'est ni respectée ni crainte par ces voyous qui pourrissent la vie des citoyens ?
C'est un cercle vicieux qu'il faut briser en redonnant simplement à la police le pouvoir d'agir. Ce n'est pas ici une question de manque de moyens, c'est une question d'utilisation des moyens existants. Les policiers sont armés, ça ne doit pas être juste pour leur défense. Ca doit aussi être pour leur donner la force nécessaire à s'imposer dans leur mission de maintien de l'ordre.
Si on prend l'exemple d'une manifestation que la police encadre normalement, tant qu'elle reste pacifique il n'y a pas grand-chose à rajouter parce qu'il n'y a aucune raison d'empêcher des citoyens français de manifester pacifiquement leurs points de vue, fusse au déplaisir du président chinois en visite à Paris et à qui le Gouvernement aimerait vendre des airbus, des TGV ou des centrales nucléaires. Si le fonctionnement démocratique de notre pays le dérange, qu'il réserve ses déplacements aux dictatures du globe ; il y en a suffisamment pour se balader. Par contre, si des casseurs se mettent à saccager des magasins, au lieu d'attendre l'arrivée tardive des renforts une fois le magasin détruit et pillé et les excités envolés, les quelques policiers présents doivent intervenir, même en sous-nombre, forts de leurs armes pour s'imposer. « Faire usage de leur arme » est l'expression consacrée. Mais je préfère appeler un chat un chat et ici, ça s'appelle tirer ! D'abord en l'air, à titre de sommation, dès le début de la dérive destructrice, mais ensuite directement sur les fauteurs de trouble si nécessaire.

Quidam :
Vous voulez des bataillons de Judge Dredd ?

PG :
Les œuvres d'anticipation qui regorgent dans la culture Nord-Américaine, bien plus tournée vers le futur faute de passé que notre culture française à tendance passablement passéiste, ont l'avantage de nous permettre d'approfondir notre réflexion concernant les éventualités que nous réserve l'avenir. Mais du coup, il y a une certaine tendance à stigmatiser, pour caricaturer et discréditer, tout ce qui peut, de près ou de loin, se rapprocher d'un scénario exploré par le cinéma ou par des écrivains. Or ici, l'analogie est assez limitée. D'abord parce qu'il ne s'agit nullement de juger, mais de stopper un comportement néfaste pour autrui ou leurs biens, et ensuite parce qu'il ne s'agit nullement d'exécuter, mais d'arrêter en flagrant délit un contrevenant afin qu'il soit ensuite, justement, jugé par le système judiciaire en bonne application des lois.
Donc quand je dis tirer sur quelqu'un, il faut se départir des images vues des centaines de fois dans les films et séries diverses : il ne s'agit pas de leur mettre une balle dans la tête, mais de viser les jambes. Certes, un tir aux conséquences malheureuses est toujours possible, mais c'est un risque à prendre. Ceux qui ne veulent pas le prendre n'ont qu'à s'abstenir de jouer à ce jeu et obéir aux injonctions de la police. Donc cesser leurs exactions et accepter d'être arrêté. Car partir en courant ne peut que rendre le tir moins précis et augmenter le risque pour celui qui se désigne ainsi comme cible. Le délit de fuite est un motif légitime pour ouvrir le feu. Qu'on se le dise !

Quidam :
Les manifestants vont regretter le débat sur le Taser…
« Dura lex, sed lex », n'est-ce pas ?

PG :
Comme vous dites : la loi est dure, mais c'est la loi. Et assister sans rien faire à la dégradation des biens d'autrui qu'ils sont chargés de protéger ne me parait pas acceptable, en plus de renforcer l'incitation au désordre en consacrant l'impuissance de la police.
Il est tellement facile, avec les technologies actuelles, d'équiper les forces de l'ordre de mini-caméras permettant de filmer les événements, pour contrôler a posteriori si besoin leurs décisions du moment et sanctionner les abus et bavures. Et il est même tout aussi facile d'en avoir la retransmission en temps réel vers les postes de commandement pour contrôle en direct par des responsables à même de guider l'action des policiers de terrain et de les coordonner. Plus de pouvoir pour agir, forcément, ça ne peut aller qu'avec plus de responsabilité et de contrôle de l'utilisation de ce pouvoir. Mais il est impératif, pour le bon accomplissement de ses missions, que la police retrouve la possibilité d'utiliser dans l'instant le pouvoir qui lui est confié.

Quidam :
N'est-ce pas un peu fasciste ça comme discours ?

PG :
Tout de suite les grands mots ! Je sais bien que ça commence par la même lettre, mais fermeté égal fascisme, c'est assez simpliste comme raccourci en plus d'être très faux, mot qui commence aussi par un f. Le fascisme, c'est une idéologie politique, basée sur le corporatisme et le nationalisme. Pas une question de fermeté. Staline ou Mao étaient encore plus fermes que Mussolini, sans être fascistes pour autant. Très dictatoriaux par contre. Et de toute façon, la fermeté n'est pas non plus le monopole des dictatures. Les démocraties aussi se doivent de l'être. Mais pour défendre des valeurs différentes, comme le bien commun plutôt que l'intérêt de quelques uns. Toutefois, et comme pour de nombreux autres sujets, c'est à chacun d'apprécier selon son point de vue. Pour ma part, je me refuse à me préoccuper d'étiquettes partisanes ou dogmatiques. Je suis un pragmatique et l'objectif humain compte bien plus que les tergiversations intellectuelles.
Alors cette fermeté, je lui vois surtout une vertu éducative. Si vous voyez votre enfant en train de faire une bêtise, que vous lui demandez d'arrêter, mais qu'il continue, qu'est-ce que vous faites ? Pour beaucoup de parents, la réaction sera simplement de lever les yeux au ciel en disant « ah, tu es impossible ! » Et le gamin en sort renforcé dans la conviction qu'il domine ses parents et peut faire ce qu'il veut. Une autre possibilité est que vous ne lâchiez pas le morceau, insistiez, jusqu'à intervenir pour le prendre au besoin par le bras et l'empêcher de continuer : il ne fera pas la bêtise, mais au fond de lui, il saura aussi qu'il n'y a pas grand risque à ne pas vous écouter et à attendre que vous interveniez. Mais il y a encore une autre possibilité : vous le dites une fois, deux fois, mais à la troisième fois, voyant qu'il continue, vous vous déplacez pour lui mettre, calmement mais fermement, une fessée. Non seulement il ne fera pas la bêtise puisque vous l'avez arrêté, mais il apprendra que ne pas écouter peut avoir des conséquences désagréables. Alors la fois suivante, lorsque vous lui direz qu'il est en train de faire une bêtise et qu'il doit arrêter, il y aura de bonnes chances qu'il vous écoute sans attendre que ne tombe la sanction. Est-ce que c'est fasciste comme attitude ou bien est-ce simplement pédagogique ?

Quidam :
Mais c'est sévère quand même.

PG :
« Qui aime bien, châtie bien ». Si vous aimez votre enfant, vous lui devez de ne pas le laisser faire n'importe quoi sans prendre conscience des conséquences de ses actes. Certains enfants turbulents requièrent une sévérité accrue pour trouver leurs marques et grandir ensuite sainement. Si vous êtes trop laxiste ou pas assez affirmé pour leurs apporter ces repères, ils risquent de mal tourner. Et vous en serez en partie responsable.
Beaucoup d'enfants ne nécessitent pas une telle sévérité, et grandiront sainement avec simplement l'amour patient. Pour d'autres, quelques rares fessées au cours de la petite enfance sont tout ce dont il y a besoin pour recadrer les choses et qu'ensuite cela se passe naturellement bien, sans plus besoin d'y recourir. Mais ceux qui ont besoin d'amour durablement sévère doivent l'avoir. Et si leurs parents ne sont pas en mesure de le leur donner, que ce soit parce qu'ils sont incapables de comprendre ce que c'est que d'éduquer un enfant, ou que ce soit parce qu'ils ne veulent pas s'en préoccuper faute d'être capables de l'aimer, ou encore que ce soit parce qu'ils manquent de l'affirmation nécessaire pour dompter une progéniture à personnalité très rebelle, alors il faut que la société prenne le relais pour éviter que cette rébellion ne devienne un problème pour autrui autant que pour eux-mêmes.
Dans une cour de récréation ou sur une aire de jeu, quand un enfant pique sa crise, est-ce que vous le laissez devenir une nuisance pour les autres ? Non. Eh bien c'est pareil dans la rue. Alors pour les jeunes, comme pour les moins jeunes d'ailleurs, qui sont en manque de repères et ont besoin d'apprendre les limites de ce qu'il est acceptable de faire quand on vit ensemble en société, l'Etat se doit de pouvoir proposer aussi l'amour sévère.

Quidam :
J'imagine déjà le résultat. Quand une patrouille de police poursuit deux jeunes sur une moto volée, qu'ils se plantent tous seuls dans leur tentative de fuite et se blessent ou se tuent, les banlieues s'enflamment, les policiers sont suspendus et soumis à enquête de l'IGPN, etc.

PG :
Effectivement. C'est le monde à l'envers n'est-ce pas ?

Quidam :
Alors si on tire sur un jeune, même casseur en flagrant délit, là, c'est l'éclatement de la guerre civile !

PG :
A force de laisser dériver ce genre de problèmes, il est maintenant devenu très explosif. Est-ce une raison pour laisser les banlieues aux mains des gangs ? Et laisser aux mains de ces gangs toute une population de citoyens qui ont droit, eux aussi, à la satisfaction de leur besoin de sécurité par la société ? Eux aussi ont le droit de vivre paisiblement. Par quelle lâcheté le Gouvernement leur refuse-t-il ce droit ? La société est actuellement collectivement coupable de non-assistance à personnes en danger vis- à-vis des populations vivant en banlieue.
Alors oui, s'il faut quelques morts pour rétablir l'ordre dans les banlieues, qu'il y ait quelques morts. Que la bombe explose une bonne fois, avec les dégâts qu'il y aura, mais que le problème soit réglé en profondeur et qu'ensuite la paix revienne durablement pour tous dans la société.
Si vous laissez la gangrène s'installer, ne vous étonnez pas qu'un jour il faille amputer. Désolé s'il est considéré comme fasciste de faire référence à des métaphores biologiques pour parler de la société, mais cette image convient précisément au problème.

Quidam :
Je ne suis pas sûr que la police soit en mesure de correctement maîtriser une telle explosion sociale.

PG :
J'en doute un peu également. Au jour d'aujourd'hui, les policiers sont tellement à cran que si on leur redonne trop brusquement les pouvoirs coercitifs qui auraient toujours dû être les leurs, ça fera des catastrophes.

Quidam :
Mais alors qui ? La gendarmerie ?

PG :
Gendarmerie, police, ce n'est encore qu'une querelle d'étiquettes… même si j'ai souvenir dans ma jeunesse que les fils de gendarme se faisaient moins dérouiller par les voyous que les fils de flics. Cette différence d'image provient surtout de la répartition des compétences entre les deux par rapport au seuil communal de 10'000 habitants. Les gendarmes sont mieux perçus essentiellement parce qu'ils sont absents des zones les plus sensibles qui se trouvent dans les grandes métropoles où ils n'interviennent pas. Mais la mission reste la même. Non, ce n'est pas la gendarmerie qui me semble la mieux indiquée.
Vous dites que ça ferait exploser une guerre civile ? Je dis que nous y sommes déjà. Une voiture de police se fait systématiquement caillasser dans les cités chaudes de banlieues. Quand ils s'ennuient les voyous mettent le feu quelque part pour attirer les pompiers et s'en prendre à eux, ce qui souvent amène ensuite la police pour prendre le relais comme cibles des projectiles. Et pour varier les plaisirs, de temps en temps, ils se font un bus. La guerre est latente depuis le début du siècle et les tirs à balles réelles sur les forces de l'ordre. Alors pour la guerre, il faut des gens entraînés à la guerre. La police ne l'est pas, malgré ses unités d'intervention spécialisées mais dont les effectifs ne pourront suffire à une opération d'ensemble. Alors puisque cette situation de guerre civile larvée menace la société que l'armée a comme devoir de protéger, je pense que l'armée est le corps de défense approprié pour nettoyer les banlieues de leurs éléments antisociaux une bonne fois pour toute. L'exemple du Brésil dont les troupes d'élite nettoient progressivement depuis 2010 les diverses favelas pour en chasser les gangs de narcotrafiquants afin que la vie des habitants y reprenne sereinement démontre la validité de la méthode.

Quidam :
Nos banlieues n'en sont tout de même pas à la même extrémité que les favelas brésiliennes.

PG :
Pas encore tout à fait, mais ça s'en rapproche. Alors je ne vois pas bien l'intérêt d'attendre d'en arriver là pour réagir. Et une vaste opération de nettoyage conduite par l'armée se fera d'autant mieux que nous cesserons de repousser toujours plus la résolution de ce problème inacceptable, non tant pour la société que pour tous les citoyens de ces quartiers.
Evidemment, cela ne pourra se faire qu'en collaboration avec la police, parce que c'est elle qui sait ce qui se passe dans ces quartiers, quels sont les fauteurs de troubles à évincer et où les trouver. Il ne faut pas croire notre police incompétente. Castrée par nos politiciens, oui, mais certainement pas incompétente. Mais je dis que la force, et les effectifs, nécessaire pour mener à bien cette grande opération de nettoyage requiert la mobilisation de l'armée.
Après cette pacification, la police, au fur et à mesure de sa reconstruction après toutes ces années de castration, pourra y retrouver pleinement sa place pour y conduire dans de bonnes conditions ses missions normales de maintien de la paix. Et ce d'autant mieux que les éventuels débordements sanglants n'auront pas été de leur fait mais de celui de l'armée. Et d'autant mieux aussi que ce changement de ton dans le maintien de l'ordre s'accompagnera d'un renouveau global de la société afin que les jeunes de banlieues y retrouvent un futur.

Quidam :
Aucun politique ne fera ça ! Ils sont tous à se souvenir de mai 68 en se félicitant de l'excellente gestion de la crise qui n'avait fait aucun mort.

PG :
Pas les politiques que nous avons depuis ces dernières décennies en tout cas. Ils ont laissé s'installer le désespoir dans la société faute d'être capables de proposer une vision du futur à tous les citoyens. Ils ont laissé ce désespoir se ghettoïser et s'exprimer dans une violence de plus en plus affirmée sans être capables de l'endiguer. Ils ont contaminé la police avec leur impuissance. Et maintenant l'affrontement est inévitable. Alors je doute que ceux qui ont été incapables d'empêcher qu'on en arrive là soient qualifiés pour maintenant résoudre un problème qui n'a rien à voir avec mai 68 et ses benoîtes revendications d'assouplissement d'une société trop rigide. Ce ne sont pas à des étudiants exaltés que nous avons affaire dans les banlieues mais à des gangs organisés, armés et entraînés.
Si nous voulons redresser la barre, il faudra trouver d'autres capitaines que ceux que nous avons l'habitude de voir encombrer nos écrans télé de leurs déclarations creuses. Ce bon Monsieur de la Fontaine nous l'a dit voici fort longtemps : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Or les plus forts, ce sont les dizaines de millions de gens décidés à former ensemble une société où il fait bon vivre… sauf à ce que, par lâcheté, ils ne baissent les bras, laissant croire à des petits groupes d'excités, quels qu'ils soient, qu'ils peuvent être plus forts que tout le reste de la population et imposer leur volonté au mépris des principes fondamentaux du vivre ensemble.

Quidam :
Effectivement, les banlieues sont un problème majeur que la société se révèle incapable de gérer. Mais les problèmes de sécurité et de maintien de l'ordre ne se résument pas à ça non plus.

PG :
Vous avez entièrement raison. Parce qu'on parle des banlieues, mais des groupes qui prétendent imposer leur point de vue par la force, il y en a d'autres. Il y a d'autres dérives inacceptables qu'il faut mentionner en matière d'ordre public. Il ne faut pas manquer de conscience au point de laisser l'arbre cacher la forêt.
Lorsque des salariés, sous prétexte de revendications sociales, séquestrent leur PDG pour faire pression sur les négociations, n'est-ce pas comparable à une prise d'otage ? Pourquoi l'accepte-t-on ? Lorsque des salariés menacent de faire sauter leur usine s'ils n'obtiennent tel montant d'indemnité de licenciement ou des garanties de reclassement, n'est-ce pas tout simplement du terrorisme ? Comment peut-on le tolérer ? Vraiment quel beau pays que la France ! Totale liberté d'action dès lors qu'il y a le prétexte de revendications sociales. On fait des barrages sur les routes dont on en profite pour massacrer le bitume avec des feux de pneus, et au revoir à la liberté de circulation. On bloque des usines avec des piquets de grève pour empêcher les salariés non grévistes de bosser, et adieu la liberté de travailler. On déverse des cargaisons de tomates importées sur les routes, et bye bye le respect de la propriété d'autrui. On badigeonne de lisier les murs de la préfecture, et bonjour les impôts de tout le monde pour ensuite nettoyer. Les exemples sont nombreux. Et pour moi, je ne vois pas de différence de traitement à appliquer. Si des syndicalistes qui menacent de faire exploser leur usine prennent une balle de tireur d'élite sans prévenir, qu'ils ne viennent pas se plaindre. Qui veut jouer au terroriste doit s'attendre à recevoir le traitement du terroriste. Et je n'y vois pas là une enfreinte à mon opposition à la peine de mort car il s'agit en pareil cas de neutraliser sur le vif une menace avérée, non de juger quelqu'un.
Je ne préjuge nullement du bien-fondé ou pas de leur revendication, j'en condamne simplement mais clairement le moyen d'expression. Nous avons le droit, dans notre société, de ne pas être contents et de manifester notre opinion. Mais pas de n'importe quelle manière. Chaque fois que la société autorise que cette expression de mécontentement empiète sur le respect des droits d'autrui, elle trahit l'attente de ses citoyens… et génère davantage de mécontentement.

Quidam :
Mais, vous qui semblez aimer citer Gandhi, ne pensez-vous pas qu'il y a parfois des obligations d'agir ? Le maintien de l'ordre rigide et aveugle peut alors ne pas être approprié.

PG :
Gandhi prônait la résistance non-violente et la désobéissance civile. Jamais l'action violente. Il affirmait la force de la détermination pacifique de la majorité. Pas celle d'excités vindicatifs.
Mais vous avez raison. Il peut y avoir des cas où la rébellion d'une partie de la société soit utile pour indiquer à celle-ci qu'elle fait fausse route. Indiquer à ses dirigeants qu'ils se trompent. Et il peut alors être plus approprié de dialoguer pour apaiser les choses que de réprimer aveuglément. Simplement parce qu'aucun gouvernant n'est immunisé contre l'erreur d'appréciation et que le pouvoir de sévérité doit se manipuler avec discernement. Nous avons mentionné le mouvement étudiant de mai 68 par exemple. Mais je peux aussi appliquer ça à certaines actions de la bande à Bové. Autant je condamne le démontage du Mc Donald's de Millau comme une inacceptable atteinte à la propriété privée, autant j'aurais volontiers fauché les champs d'OGM avec eux au nom du droit à se préserver du risque de contamination que représentent ces cultures OGM en plein air.
C'est par rapport à leur capacité à discerner ce genre de nuances que des dirigeants démontreront qu'ils sont en phase avec les aspirations de leur population. Mais s'ils le sont vraiment, s'ils sont à l'écoute des citoyens plutôt que d'intérêts privées spécifiques, et s'ils ont su rester ouverts et en contact avec la vraie vie des vrais gens pour éviter que ne s'installe cette distance génératrice de l'usure du pouvoir, ce genre de cas sera rarissime, voire inexistant. Et la manifestation pacifique d'opinion doit toujours être suffisante pour faire constructivement évoluer les choses. Quand ce n'est pas le cas, c'est avant tout révélateur que la société s'est montrée incapable de se doter de dirigeants adéquats. Et alors, les citoyens, responsables de leurs élus, peuvent aussi s'en prendre à eux-mêmes.
Car après tout, si nous commençons à considérer que tout est permis en la matière, le problème des banlieues n'est-il pas simplement un problème de revendication sociale ? Les gangs ne défendent-ils pas simplement leur travail, certes illégal, de dealers et de racketteurs ? S'ils chassent la police, n'est-ce pas simplement pour éloigner la concurrence d'un territoire où ils revendiquent le droit de faire appliquer eux-mêmes une loi, leur loi ?

Quidam :
Enfin là, vous poussez le bouchon un peu loin.

PG :
L'analogie vous choque, mais elle est fondée.
J'ai eu la chance, merci papa, d'aller à l'université et d'y faire quelques études, dont certaines intéressantes. J'ai souvenir notamment d'un cours de science politique qui expliquait comment, sur la faillite de l'administration italienne du 19ème siècle, s'est développée la mafia. Au début, c'était pour organiser la société face à l'incapacité de l'administration à le faire. Ca n'avait pas de but criminel mais un objectif de cohésion sociale. Et puis, rapidement, ça a dévié. C'est devenu clientéliste, avide de profits, ça s'est tourné vers les activités interdites, les familles se sont mises en concurrence et parfois combattues ouvertement à la mitraillette. Et lorsque l'état italien a tenté de reprendre la main, c'était trop tard et les gêneurs, juges ou policiers trop intègres, étaient éliminés. On voit bien actuellement les difficultés qu'a encore l'Italie à résoudre son problème mafieux et ce d'autant plus que le crime organisé s'est mondialisé bien plus vite et depuis bien plus longtemps que les états. Nos voisins transalpins sont confrontés à un véritable défi culturel. Ils ne viendront à bout de la mafia que si la population dans son ensemble sait faire évoluer ses mentalités et son comportement en ce sens. Tout comme les français doivent maintenant faire évoluer leur relation avec leur police.
Alors il faut faire un choix. Voulons-nous, oui ou non, que la société réponde à nos besoins, notamment celui de sécurité et de respect de notre liberté de recherche de notre accomplissement ? Si la réponse est non, alors il n'y a plus de problème. On laisse les choses continuer en l'état encore seulement quelques années, car nous ne sommes pas si loin que ça de la déliquescence totale, et chacun pourra alors s'essayer à une carrière de parrain sur les ruines de feu la société. Mais il faut savoir, dans ce domaine, que s'il y a beaucoup d'appelés il y a surtout peu d'élus… Au contraire, si la réponse est oui, alors il faut s'en donner les moyens avec un état fort, à même de faire respecter la loi et l'ordre, pour que chacun y trouve la possibilité de satisfaire ses besoins et d'avancer vers sa réalisation personnelle. Le besoin de s'accomplir dans une carrière de gangster demeure toujours possible, simplement il se heurtera au besoin de se réaliser de policiers dévoués à protéger leurs concitoyens. Et ces policiers-là seront fiers de leurs responsabilités et feront efficacement barrage aux rêves de jouer les pirates modernes, ce qui est bien moins romantique que ne le laissent croire les histoires pour enfants.

Quidam :
Ca fait rêver. Mais nous en sommes tellement loin…

PG :
Pas forcément si loin que ça. Il en faut parfois peu pour redresser la barre. Surtout si la population est prête pour ça. Quand on se fixe un objectif, chaque pas que l'on fait ensuite dans sa direction nous en rapproche. Difficile de savoir à l'avance combien de pas il faudra pour l'atteindre, mais avec de la persévérance, si on le veut vraiment, on finit par y arriver. A condition de commencer un jour par un premier pas.
Aujourd'hui, avec la mentalité française, nous partons d'une situation où les gens critiquent l'impuissance de la police mais s'insurgent contre l'installation de caméras de surveillance. Ont-ils donc la conscience si peu sereine ? Si je n'ai rien à me reprocher, que m'importe d'être filmé dans la rue par une vidéosurveillance ? Au contraire, ce serait plutôt un pas dans le sens d'assurer la sécurité publique et donc de protéger mon droit à me promener tranquillement. Seulement pour le moment, les gens voient surtout les caméras fleurir pour verbaliser davantage, qui un petit excès de vitesse, qui un feu orange trop foncé. Alors ils voient dans ces caméras davantage de répression que d'amélioration de leur sécurité. Difficile de le leur reprocher. Quand le Gouvernement et la hiérarchie de l'administration policière imposent à ses fonctionnaires de faire des quotas de PV, non seulement les gens ressentent davantage de répression pas très constructive mais en plus ils voient clairement que ce sont des ressources humaines en moins pour régler les vrais problèmes de sécurité comme dans les banlieues.
Et je ne vous parle pas du gâchis : combien d'année d'études et de formation spécifique en école de police pour lire un chiffre affiché à l'écran d'un radar ? Il suffit de savoir lire pour ça.
Au passage, il me parait légitime de s'interroger sur comment motiver un policier qui aime le terrain s'il doit rester des demi-journées entières dans un bureau à taper l'enregistrement d'une succession de plaintes pour vols de portable qui seront classées sans suite faute d'éléments permettant de retrouver les voleurs ? Gaspillage de compétences pour le seul besoin des procédures d'assurance. Alors que le même policier, sur le terrain, aurait peut-être par sa présence dissuadé certains vols ? Ou alors, abordé par une victime tout près du lieu des événements, il aurait peut-être tout de suite pu trouver trace du voleur ? Peut-être, peut-être pas. Mais deux heures après, dans un bureau, à des hectomètres de l'endroit du vol, ce n'est plus peut-être mais sûrement pas. Alors n'y a-t-il pas assez de secrétaires au chômage, et qui ne demandent pas mieux que de travailler, pour dactylographier les dépôts de plainte ? En attendant, ce que les gens voient, ce sont des fonctionnaires armés au bureau mais pas dans la rue lorsqu'ils se font agresser. Alors ils ne sont pas satisfaits.

Quidam :
Il est clair que la question du bon emploi des compétences des policiers se pose. Il y a certainement matière à organiser les choses différemment pour permettre plus d'efficacité, dont le manque est souvent aussi ce que les gens reprochent à notre police.

PG :
Comment s'étonner après que la police ne soit pas populaire : le Gouvernement qui la dirige fait tout ce qu'il faut pour ! Et le principal problème de la police, c'est lui. Mais s'il l'est, c'est aussi et avant tout parce qu'il sait que ses électeurs conspuent les gardiens de la paix. C'est un cercle vicieux. Toutefois, au départ de ce cercle, il y a nous tous et notre attitude pour le moins très contrastée vis-à-vis du maintien de l'ordre. A croire qu'il faudrait que ça se fasse tout seul.
Dans le même ordre d'idée, dès qu'est mentionnée le projet d'un fichier informatique centralisé pour faciliter le travail des services de police et de renseignement, c'est la levée de bouclier des rebelles gaulois qui ne supportent pas l'idée d'être fichés. Visiblement, le gaulois revendique le droit de pouvoir trafiquer ce qu'il veut dans son coin, mais tout en exigeant la protection de la police à qui il ne veut pour autant accorder aucun moyen d'être efficace. Si ce n'est pas de la contradiction ça ! A croire que pour qu'un policier soit efficace dans ses enquêtes, il faudrait commencer par une formation chez Madame Soleil !

Quidam :
Je comprends bien ce que vous voulez dire, mais dans la pratique la dérive vers la dictature est très facile. On commence par ficher les gens, on donne plus de pouvoir à la police, et un jour on se réveille sans liberté.

PG :
Et oui, voilà bien la vieille méfiance gauloise qui ressurgit.
Je reste toujours stupéfait de constater que la capacité de mes concitoyens à se mobiliser pour s'opposer et refuser, n'a d'égal que leur incapacité à se mobiliser pour construire et résoudre les problèmes. Le problème n'est pas qu'un tel fichier existe. C'est à l'évidence une nécessité d'avoir un fichier central de l'intégralité de la population française, ainsi que des étrangers résidant sur le territoire national. Il devra être en recensement permanent avec obligation pour chacun, une fois l'an, de se présenter en personne devant un officier d'état civil en mairie, voire au consulat pour les expatriés, pour confirmation de son existence afin, par exemple, qu'on cesse de payer à des gens supposés résider à l'étranger mais décédés depuis longtemps des pensions qui profitent bien à ceux ayant accès au compte bancaire où elles sont virées. Et ce sera aussi une très bonne façon de favoriser au moins une fois par an un contact personnel et confidentiel afin de permettre, par exemple, aux femmes battues enfermées chez elle par un mari indigne de pouvoir faire part de leur situation.
Un tel fichier doit comprendre pour chacun : état civil et familial complet, adresse(s) principale et secondaire(s), emploi, situation familiale, dossier médical, opposition éventuelle aux vaccinations, transfusions sanguines ou greffes d'organes, accord éventuel pour le don post-mortem de certains ou tous ses organes, comptes bancaires, endettement en cours et impayés éventuels, casier judiciaire, fichier de police, permis de conduire et historique des infractions, assurances vies souscrites, et toutes informations auxquelles je ne pense pas dans l'instant mais qui sont utiles pour gérer adéquatement la population de la nation et ses intérêts. L'accès à ce fichier se doit d'être compartimenté selon les habilitations de chacun, par exemple pour qu'un médecin puisse accéder à votre dossier médical mais pas à votre compte bancaire. Et l'utilité en est multiple, comme pour simplifier le travail de recherche d'héritiers lors d'une succession. Ou encore simplement pour s'assurer que les sociétés d'assurance sont bien informées du décès de leurs assurés afin que les capitaux soient bien versés aux bénéficiaires prévus. Car les assurances-vie souscrites en secret et jamais versées, ça existe aussi. Il faut aussi voir le bon côté des choses.
On peut même imaginer qu'il permette également de certifier les profils utilisateurs des divers sites Internet, tout en préservant l'anonymat permis par l'usage de pseudonymes. Les plaintes se développent contre les usurpations d'identité sur les sites sociaux ou de rencontre Internet, notamment avec des gens qui se font passer pour des célébrités. Plus grave encore les pédophiles qui chassent sur les réseaux de tchat des jeunes en masquant leur âge, voire leur sexe. Avec une fonction permettant à tout site Internet d'exiger que le profil utilisateur créé soit certifié en relation avec ce fichier central, non seulement le site donnera confiance à ses utilisateurs, mais nous, nous serons bien mieux armés pour solutionner tous ces problèmes. Une telle certification peut parfaitement se faire sans dévoiler l'identité de ceux qui veulent rester anonymes, comme c'est souvent le cas sur Internet, se limitant à contrôler que le pseudonyme choisi n'usurpe pas le vrai nom de quelqu'un d'autre, ainsi que la véracité des données telles que l'âge ou le sexe pour les sites où celles-ci sont sensibles. Et on peut aussi inclure la facilitation de la lutte contre les faux avis utilisateurs sur les sites marchands, et qui sont en fait de vrais plébiscites publicitaires destinés à tromper les acheteurs potentiels. Avec une procédure de certification qui permette au fichier central de conserver trace du profil créé sur le site, pour y associer une personne physique, remonter les abus devient nettement plus facile.
Un tel fichier permet donc de nombreuses améliorations dans l'administration au quotidien de tout un tas de questions diverses. Mais il est clair que toutes ces informations permettront aussi un travail de police plus efficace, pour le plus grand bénéfice des citoyens et afin que l'inefficacité administrative actuelle de la société cesse de bénéficier avant tout aux malhonnêtes.

Quidam :
Les comptes bancaires, c'est presque un sujet plus sensible que le dossier médical.

PG :
Eh oui, toujours ce besoin du gaulois de se cacher, de ne pas s'assumer. Et pourtant, la Banque de France dispose déjà de la liste de tous les comptes bancaires ouverts au nom de chacun de nous dans toutes les banques du pays, avec les états d'incidents de paiement ou d'interdiction bancaire. Cette information, ou pour un compte bancaire au moins, est également déjà recensée dans le fichier d'un organisme ou d'un autre pour quasiment toutes les personnes percevant des remboursements de sécurité sociale, des allocations familiales ou logement, des allocations chômage ou retraite, sans même parler des salaires.
Alors prenons simplement le cas d'une personne qui doit de l'argent et ne paye pas. Un huissier, chargé pourtant d'appliquer la loi en matière de recouvrement, n'a même pas accès à ces informations ! Que doit-il faire ? Faire le tour des banques de la ville où habite le débiteur indélicat, et voir avec chacune si un compte au nom souhaité est ouvert et dispose d'argent saisissable. Les gros cabinets d'huissiers peuvent rationaliser un peu la démarche sur le nombre de dossiers, mais globalement, il suffit au petit escroc qui ne veut pas payer une facture, une pension alimentaire ou ses impôts, d'avoir un compte bancaire dans une banque régionale voisine de la région où il habite et jamais l'huissier ne trouvera son compte ni n'y saisira rien du tout. Un peu facile non ? Quant à la saisie sur salaire, si personne ne dit à l'huissier où travaille le débiteur, il ne saura jamais où envoyer un avis à tiers détenteur quelconque. Alors moi, citoyen honnête, je ne peux que constater que notre organisation sociale a pour volonté de préserver les mauvais payeurs et les escrocs à mon détriment. « Vous trouvez ça normal, vous ? », vous demanderait Caliméro. N'est-ce pas un réel encouragement à l'irresponsabilité financière ? Alors qu'avec ce simple fichier central nous remédions à cette situation insensée et facilitons la lutte contre les fraudeurs, escrocs et mauvais payeurs en tout genre dont tout le monde pâtit au final.
Nous sommes fichés de partout pour traquer nos habitudes de consommation et nous balancer de la pub, mais quand c'est pour les besoins de notre sécurité, de l'application de la loi, du maintien de l'ordre public et de la bonne gestion de l'Etat, bref pour plus d'efficacité des services publics, là le gaulois moyen s'inquiète. N'est-ce pas quand même assez invraisemblable ?
Alors le problème, encore une fois, n'est pas qu'un tel fichier soit mis en place. Il est évident qu'il en faut un. C'est ce qu'on va en faire qui inquiète. Et ça, ça dépend effectivement complètement de qui le contrôle. Donc ça dépend de qui gouverne ce pays. Si vous avez peur de l'existence d'un tel fichier parce qu'il pourrait en être fait un mauvais usage, c'est que vous n'avez aucune confiance dans les dirigeants que vous avez élus. Et donc en fait que vous n'avez aucune confiance en votre jugement d'électeur et que c'est avant tout de vous-même que vous vous méfiez. Alors, il serait beaucoup plus constructif de se mobiliser pour résoudre ce problème-là qui est bien plus fondamental. Car si la tête est pourrie, comment voulez-vous que les choses aillent dans le bon sens ?
Prenons donc les choses par le bon bout et le reste se mettra bien plus naturellement en place. Et ne nous privons pas des outils nécessaires pour répondre à l'aspiration des citoyens à la sécurité et à une gestion publique efficiente sous prétexte que les gens ont peur d'eux-mêmes !


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