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 RESPECT ET VERITE
Ch.04: Croissance, surpopulation et environnement

04 : croissance, surpopulation et environnement

Quidam :
D'un autre côté, si on se base sur les statistiques de natalité, l'immigration semble une nécessité pour soutenir la croissance démographique, qui à son tour est un facteur de croissance économique, elle-même essentielle pour pérenniser notre système social.

PG :
Je l'attendais celle-là ! Commençons donc par tordre le cou à cette ridicule notion de croissance.
Quand on parle de croissance, en matière d'économie, on veut dire croissance du Produit Intérieur Brut. Le PIB, c'est la somme des valeurs ajoutées produites par toutes les activités du pays. Alors qu'est-ce que ça veut dire au juste ? Pour un artisan, la prestation globale qu'il facture à son client dont on retranche le coût des matériaux utilisés et les services extérieurs qu'il paye, tels les honoraires de son expert comptable ou le carburant de son camion, détermine la valeur ajoutée résultant de son travail et donc sa contribution au PIB. Pour les matériaux qu'il achète directement de l'étranger, ça s'arrête là. Pour ceux qui sont achetés à un importateur, la valeur ajoutée propre à l'activité de ce commerçant est alors à rajouter à celle de l'artisan pour calculer le PIB. Et pour les matériaux entièrement fabriqués en France, comme par exemple des ocres de Provence pour les enduits muraux, alors, là aussi, la valeur ajoutée de ce producteur contribue à la détermination du PIB national. Et ainsi de suite pour tous les acteurs économiques du pays, par agrégation de la valeur ajoutée produite par chacun.
Jusque là, ça semble benoît. Si on construit plus de maisons, l'artisan a plus d'activité, il y a croissance du PIB. Et les politiciens et économistes se frottent les mains en disant que la croissance est bonne… et en suggérant que ce pourrait être grâce à leur politique. Au contraire, si on en construit moins, l'artisan a peu de client, moins d'activité, il y a décroissance. Et les politiciens et les économistes font grise mine parce que du coup, l'artisan paye moins d'impôts, facture moins de TVA, et risque même de devenir chômeur si, à force de manque d'activité, il doit fermer son entreprise. Il coûterait alors à la société au lieu de lui rapporter. C'est pourquoi, dans le discours économique général et simpliste, croissance égale création d'emploi, égale création de richesse, égale amélioration du niveau de vie, etc. A l'inverse, la décroissance est assimilée à tout ce qui pose problème.
Maintenant, si l'artisan a un surcroît de travail à restaurer des maisons parce qu'une violente tempête en a détruites plusieurs, certes il y a plus d'activité, mais en quoi est-ce que cela représente une amélioration de nos conditions de vie ? Allez demander aux gens qui n'ont plus de maison si cette croissance les rend plus heureux, s'ils sont contents que l'artisan soit content d'avoir du travail à réparer leur malheur.
Un autre exemple maintenant : une personne âgée glisse sur une crotte de chien sur un trottoir et se casse le col du fémur. Ambulance, opération, rééducation, aide à domicile, etc., bref : croissance ! Nombres de gens seront contents d'avoir eu une activité, mais je doute que le vieux au centre de toutes ces attentions soit content maintenant d'avoir une prothèse de hanche à cause d'un excrément canin oublié au mauvais endroit. Et puis surtout, si, pour rester simple, je fais abstraction de la production de la prothèse et des produits de soins utilisés pour l'opération, y a-t-il production de valeur pour améliorer la richesse globale ? Ou bien y a-t-il seulement déplacement de richesses existantes, du porte-monnaie du vieux ou de celui de son assurance, à toutes les personnes qui se sont employées, et le terme est particulièrement approprié ici, pour le soigner ? « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », peut-on effectivement dire dans ce cas. Mais est-on collectivement plus heureux du fait que des personnes se soient activées pour soigner un accident ?
Prenons un exemple encore plus flagrant : une marée noire. Le pétrolier est condamné à payer les dégâts, et notamment à payer des gens pour nettoyer les côtes. Donc ça génère du PIB. Super, si j'ose dire, ça crée des emplois. Mais où est la création de bonheur ? Et peut-on seulement parler de création de richesse ?
Il est estimé que la tempête Lothar de décembre 1999 a généré au moins un point de croissance. Probablement que c'est à peu près pareil pour Xynthia en 2010. Se sent- on plus riche et plus heureux de ce point de croissance, ou plus malheureux de tous les dégâts que cela a causés ? Si vous me répondez que nous sommes plus riches, alors ne cherchez plus, la solution à tous les problèmes économiques est simplement de lâcher quelques bulldozers fous dans des lotissements, d'encourager les agressions et les accidents de la route, de favoriser les attentats terroristes, de continuer à polluer la planète et dérégler le climat, etc. Mais à l'évidence, votre bon sens vous interdit de me répondre ça tant il est évident que ce n'est pas le cas.
En vérité, le PIB n'est donc qu'une mesure de l'agitation. Il ne mesure ni la richesse du pays, ni celle de ces citoyens, et encore moins leur niveau de bonheur. Dès lors, la mesure du PIB et de la croissance ne sont que des illusions qui vous sont servies par les politiciens en quête d'un discours facile reposant sur des théories économiques erronées. Si encore on mesurait la variation du patrimoine par habitant, on éviterait de considérer comme croissance le fait de réparer des destructions. C'est d'ailleurs comme ça que se définit un produit en comptabilité : non pas une recette, mais soit une augmentation de l'actif, soit une diminution du passif.
Avoir une maison aide à être heureux mais ne crée pas d'emploi une fois qu'elle est construite. La réparer quand elle subit un dégât entretient l'emploi, mais par contre ne crée ni davantage de richesse ni davantage de bonheur. Le problème est cornélien !

Quidam :
D'où la folle croissance d'après-guerre où il y avait tout à reconstruire. Les gens s'enthousiasmaient parce qu'il y avait de réelles augmentations de leur patrimoine. Bon, pas pour tous bien sûr, mais certainement pour la majorité des citoyens.

PG :
Absolument. D'ailleurs tout politicien sait bien qu'en période de crise aiguë, rien ne vaut une bonne guerre pour relancer l'économie. Du moins celle du vainqueur… Normal qu'ils arrivent à de pareilles conclusions en raisonnant comme des déséquilibrés sur un système qui l'est également. Ce n'est pas pour rien qu'en ces temps économiques très troublés de début du troisième millénaire, il y ait autant de bruits de bottes de par le monde. Et je crains que ça ne fasse que commencer.
Mais trêve de digression : parlons maintenant de la croissance en tant que telle. Non pas la croissance économique, qu'elle soit mesurée par le PIB ou par un quelconque autre indice, mais le concept même de croissance. Davantage de gens, davantage de maisons, davantage de voitures, davantage de consommation, etc. Mais pas davantage de terres. Pas davantage de ressources. A quoi peut bien mener une telle course à la croissance matérielle sur une planète finie ? A quoi sinon à une impasse ? En physique des gaz, particulièrement adaptée pour des sujets aussi vaporeux, on vous dirait que cette situation équivaut à une augmentation continue de la pression au sein d'un volume constant, ce qui engendre inévitablement une augmentation correspondante de la température, prélude à une explosion à terme. Bref, à ce que la planète devienne socialement très instable à défaut d'exploser physiquement, bien que cette dernière éventualité ne puisse être exclue compte tenu de nos capacités de destruction. Alors, faut-il attendre de se cogner la tête contre le mur pour en prendre conscience ? Si c'est le cas, il ne faudra pas s'étonner que le choc, lorsqu'il se produira, soit douloureux. Et ce sera très bientôt, car à force de foncer en aveugle, nous sommes maintenant tout proche du fond de cette impasse.
Alors quand vous me dites qu'il faut de la croissance démographique pour soutenir la croissance économique, je me dis que vous répétez sans réfléchir ce que vous avez entendu. La croissance économique serait souhaitée pour créer des emplois permettant de diminuer le chômage, mais pour y arriver il faudrait augmenter la population donc alimenter le nombre de chômeurs ? Il y a là une logique assez ubuesque tant le serpent me semble se mordre la queue !
Ces déraisonnements sont le fruit de toutes ces années passées à ne pas regarder plus loin que le bout de son nez, ou du moins pas plus loin que la prochaine élection, à croire que la croissance matérielle sera éternelle, à croire que bâtir un modèle de société basé sur une fuite en avant peut être constructif et durable. Et maintenant que tous ces déséquilibres se rejoignent, la société menace d'exploser socialement et d'imploser économiquement. Juste retour des choses en vérité au vu de toute la bêtise nombriliste dont nous avons fait preuve jusqu'à présent. Notre collectif humain ne semble pas encore assez adulte pour avoir l'horizon nécessaire à comprendre la loi de cause et de conséquence. Vous savez, ce vieux précepte de récolter ce que l'on sème. Et le sous-collectif français ne fait pas exception. Mais il n'est pas forcément trop tard pour rectifier le tir.

Quidam :
Alors comment faire pour sortir de ce cercle vicieux ?

PG :
D'abord changer l'organisation sociale pour éliminer les déséquilibres. Et ensuite organiser la décroissance.
On entend souvent l'expression à la mode « croissance durable » qui est mise à toutes les sauces pour faire croire qu'il est possible de concilier l'inconséquence de notre modèle économique et social déséquilibré, basé sur la fuite en avant, avec la préservation de l'environnement, condition sine qua non à notre survie en tant qu'espèce. C'est un non sens. C'est un mensonge. Comment peut-on espérer concilier croissance sans fin dans un espace fini avec protection de l'environnement ? L'expansion humaine grignote les espaces de vie sauvage, la forêt est abattue, la vie animale disparaît, y compris des espèces particulièrement utiles pour nous comme les abeilles. L'humanité s'imagine pouvoir transformer la Terre en une vaste exploitation agricole à son service. Dans l'absolu, je dis : pourquoi pas. Mais sans moi. Parce qu'elle ne sera certainement pas du tout « bio », cette exploitation planétaire. Et par bio, j'entends simplement propice à la vie. Si l'humanité a envie de vivre dans un espace sans vie sauvage, au milieu de champs agricoles empoisonnés par les pesticides et les élevages intensifs pour tenter de nourrir la prolifération irresponsable de son espèce, à respirer de l'air pollué et boire de l'eau contaminée, c'est une possibilité. Mais je vote contre, et m'y oppose clairement. Et pas seulement parce que je n'imagine pas un seul instant que ce puisse être durable.

Quidam :
Certains disent que la Terre pourrait nourrir dix milliards d'humains, sous réserve de modifier nos façons de faire en agriculture.

PG :
On trouvera toujours des gens, tous affublés du qualificatif d'expert, pour affirmer que blanc et d'autres pour rétorquer que noir. Ce n'est pas parce qu'un gugusse en blouse blanche dit ce que les dirigeants veulent entendre pour justifier leur inaction qu'il faut le croire. A qui profite le crime ? A qui profite le mensonge ?
Cependant, dans l'absolu, je dis : pourquoi pas. Mais là encore, sans moi. Une prise de conscience de la nécessité d'arrêter d'empoisonner la nature parce que nous y vivons aussi est toujours possible. Mais pourquoi s'arrêter à dix milliards ? Faut-il croire que la prise de conscience agricole s'accompagnera d'une prise de conscience qu'à dix milliards il sera grand temps d'arrêter de se multiplier ? Je ne vois pas bien pourquoi j'y croirais alors que nous sommes incapables aujourd'hui de prendre conscience qu'à six milliards, nous sommes déjà beaucoup trop envahissants sur cette planète. Que la vie sauvage, tant animale que végétale recule toujours plus sous notre invasion de tout l'espace disponible, et tend de plus en plus à disparaître. Alors ce monde-là fait partie des possibles, mais je vote contre et m'y oppose clairement. Et je vous prédis que si jamais nous arrivons à ces dix milliards, un nouveau gugusse avec une nouvelle blouse blanche vous sortira une théorie selon laquelle on peut continuer jusqu'à douze milliards. Tant qu'il n'a pas atteint le sol, l'homme qui tombe du toit d'un immeuble se dit toujours : « jusque là ça va » !

Quidam :
Il y a quand même des organismes internationaux qui agissent. L'UNESCO par exemple classe des sites naturels au patrimoine de l'humanité pour les préserver.

PG :
Chouette. Nous aurons donc encore droit à quelques jardins verts dans le futur.

Quidam :
Je sens une pointe de raillerie…

PG :
Comment se fait-il que ces gens qui prétendent classer pour protéger, soit incapables de simplement classer le « vivant » au patrimoine de l'humanité ? Peut-être parce que leurs financeurs sont ceux-là même qui brevètent les bienfaits de la nature pour nous les confisquer et nous les revendre ensuite avec de gros profits, ce qu'aucun gouvernement responsable ne devrait admettre.
Alors non, je ne compte guère sur ces classements d'espèces en danger ou de patrimoine de l'humanité pour nous assurer un avenir satisfaisant. Mettez des fonctionnaires pour classer, oh, ça, ils vont classer. Tout et n'importe quoi, simplement pour justifier leur salaire. Mais que valent ces classements ? On y retrouve aussi bien le vieux Lyon, certes agréable mais pas franchement stratégique pour le bien-être à long terme de notre espèce, que le Cirque de Mafate sur l'île de La Réunion, qui lui a un intérêt bien plus réel pour préserver un peu de nature de notre emprise destructrice. Mais un petit bout ici, un petit bout là, ça ne nous laissera à terme que quelques jardins au milieu des terres ravagées. Et puis que dire lorsque c'est « le repas gastronomique traditionnel français » qui est classé au patrimoine mondial ? Assurément, avec ça, nous sommes sauvés !
Alors oui, je raille un peu, je l'avoue.

Quidam :
Et que faudrait-il faire selon vous ?

PG :
Il faut cesser de se voiler la face. Oui les rejets de carbone sont un problème climatique, et il faut les réduire. Oui la pollution est un problème et il faut prendre conscience de la nécessité de la réduire vigoureusement, voire de l'éliminer autant que possible, car rien ne sert d'éviter de mourir trop cuit si c'est pour mieux mourir empoisonné. Oui à tout ça et à tous les autres problèmes liés à la préservation de l'environnement. Mais tous ces problèmes, s'ils nous renvoient à notre manque de conscience et à notre manque de respect de la vie en général, et de l'habitat naturel dans lequel nous vivons en particulier, sont devenus des problèmes aigus parce que nous sommes trop nombreux. L'agent Smith, dans « Matrix », comparait l'espèce humaine à un virus se reproduisant à la surface de la terre, avec toutes les conséquences que peut avoir une telle prolifération dans un organisme. Personnellement, je préfère l'image du cancer. Car elle pointe mieux du doigt que nous sommes partie intégrante de cette planète mais que nous y agissons comme des cellules cancéreuses, nous multipliant de façon anarchique en générant de plus en plus de dysfonctionnements.
Si les thons rouges disparaissent, ce n'est pas parce qu'on les pêche, mais parce qu'on en pêche autant pour satisfaire une demande de plus en plus forte. Si les nappes phréatiques sont si polluées, ce n'est pas parce qu'on met de l'engrais, mais parce qu'on en met des tonnes partout pour produire toujours plus pour nourrir toujours plus de bouches. Si les poissons ont des problèmes de différenciation sexuelle à cause des œstrogènes rejetés dans l'eau, ce n'est pas parce que les femmes prennent la pilule mais parce que des centaines de millions de femmes la prennent. Le carbone ? Nous en rejetons simplement en respirant. Depuis que l'humain a découvert le feu, il en rejette à chaque fois qu'il fait la cuisine, se chauffe ou simplement s'éclaire. Et ce n'est pas un problème. Ce qui est un problème, c'est que nous soyons des milliards à le faire. On veut réduire l'empreinte carbone de l'humanité sur la planète ? Réduisons l'humanité !
Le problème numéro un de toutes les questions écologiques, c'est la surpopulation. La courbe en forme de crosse de hockey, à défaut de s'appliquer aux données falsifiées du GIEC que la période chaude médiévale dérangeait, s'appliquent très bien à celles de la démographie. Et nous voilà déjà deux fois plus nombreux sur la planète en ce début de millénaire que nous ne l'étions au moment, pourtant pas si lointain, de l'assassinat de Kennedy en 1963, voici deux générations à peine. Si le dérèglement climatique clairement avéré, au sujet duquel l'avenir tranchera bientôt la divergence entre les tenants d'un réchauffement et ceux pronostiquant l'aube d'une nouvelle ère glaciaire, fait de plus en plus de dégâts, c'est encore et avant tout parce que nous sommes de plus en plus présents partout, que nos constructions et notre béton envahissent de plus en plus d'espaces, et que la nature n'a plus assez de place pour s'ébrouer sans nous bousculer. Que dire d'autre sinon « bien fait pour nous » ? Et accessoirement, que la surpopulation est aussi un facteur majeur dans beaucoup d'autres problématiques plus sociales, comme la crise du logement, les problèmes des banlieues, le chômage, etc.
Alors quand vous me dites qu'il faut de l'immigration pour compenser la faible natalité, je me demande vraiment pour quoi faire. Pour augmenter encore le problème de surpopulation du pays ? Je pense qu'il faut décourager la natalité, et qu'il faut réduire la population. Et de façon drastique. Des études estiment que sans l'immigration, nous ne serions que 45 millions de français au lieu de 65. Ne serait-ce pas bien plus raisonnable pour notre petit pays ? N'aurions-nous pas bien moins de problème de logement, de chômage, et surtout d'environnement ? Alors commençons par arrêter l'immigration, non par xénophobie, mais parce qu'il faut agir d'urgence à réduire notre emprise destructrice sur la planète en limitant notre présence.
Et continuons en arrêtant d'encourager les naissances chez nous. Comme si nous en étions encore au temps du fameux « croissez et multipliez » biblique. Les temps ont changé. L'homo proliferatus doublé d'un homo consommatorus se révèle catastrophique et a fait son temps. Il est grand temps que l'homo sapions cesse de pioncer et se réveille. Aujourd'hui, alors que nos concitoyens sont de plus en plus à la recherche de sens plutôt que d'abondance matérielle aliénante, il serait plus approprié de dire « décroissez et accomplissez-vous », pour reprendre les mots d'un conférencier à qui je présente des excuses pour avoir oublié son nom. Nous ne pouvons imposer une telle politique dans le reste du monde, mais nous pouvons déjà la mettre en place pour nous, pour notre pays, pour notre société, et à titre d'exemple pour les pays qui n'osent pas. Il faut du courage pour ramer à contre-courant. Il n'en faut aucun pour se laisser entraîner vers la cascade. Mais, la chute venue, il faudra ensuite assumer les conséquences de ce manque de courage.
Bien entendu, décourager les naissances n'a aucun sens si c'est pour les remplacer par l'importation d'enfants adoptés à l'étranger. Donc fin de telles adoptions. L'adoption est à réserver uniquement aux enfants en manque de parents du territoire. Par contre, on peut à la place encourager le parrainage d'enfants du tiers monde. Ceux- ci demeurent dans leur famille, dans leur pays, mais peuvent aller à l'école grâce à un don mensuel généralement fort peu coûteux, et même être reçu plus tard en France par ces parrains et marraines de cœur pour des études supérieures le cas échéant. Il se crée alors généralement de vrais liens humains entre les familles. Voilà qui est de nature à aider au développement des pays pauvres comme au renforcement des liens entre les peuples. Voilà qui est bien plus constructif que de vouloir absolument un enfant pour soi tout seul ! Et voilà qui coupe court aussi aux trafics d'enfants en tout genre.
Et puis, interrogez-vous un peu sur la question de savoir pourquoi les gens veulent des enfants ? Par habitude ? Par conditionnement culpabilisant d'églises qui prétendent que la sexualité est un péché, sauf si elle sert la procréation de nouvelles vies ? Par illusion de ressouder ainsi un couple en détresse ? Ou encore pour tenter de combler un vide affectif ? Il y a les animaux domestiques pour ça. Faire un enfant est une responsabilité que bien peu d'entre nous sommes capables d'assumer en toute conscience. C'est pourquoi il semble que plus nous réfléchissons, moins nous en faisons. Avant d'en faire un, il faudrait s'assurer qu'on a un équilibre et de l'amour à lui donner, plutôt que des tares à lui transmettre et des névroses pour le traumatiser. En matière de reproduction aussi, il faudrait privilégier la qualité sur la quantité.

Quidam :
Eh bien, vous êtes chaud sur le sujet ! Mais est-ce que vous n'exagérez pas un peu là ? Bien sûr, dans beaucoup de pays du tiers monde, il est clair qu'ils vivraient mieux s'ils faisaient moins d'enfants. Il est d'ailleurs surprenant que moins ils aient à manger et plus ils en fassent, développant ainsi leur misère. Mais nous, en France, nous vivons bien. Certes il y a des problèmes. Mais de là à vouloir réduire la population… On parle même de la diagonale désertique du pays tellement certaines régions sont peu peuplées.

PG :
Ne vous laissez par berner par des expressions imagées. Dans votre fameuse diagonale désertique, il y a de petits villages comme Clermont-Ferrand. Comme quoi, c'est très relatif. Allez dans le Sahara et vous me direz ensuite s'il y a vraiment des régions désertiques en France. Par ailleurs, comment se fait-il alors qu'il soit si problématique de réintroduire le loup dans les Alpes ou l'ours dans les Pyrénées sinon, justement, parce que nous, humains, occupons trop d'espace ? Des espèces disparaissent en permanence, d'autres apparaissent. C'est le grand bal évolutif de la vie, celui de l'impermanence, qui fonctionne depuis bien avant l'apparition de l'humain sur la planète. Alors il faut cesser de se lamenter de l'extinction de tel type précis de papillon ou de scarabée car ça arrive de façon naturelle tous les jours et il ne sert à rien de s'arc- bouter contre la nature. Par contre quand les tigres d'Asie sont menacés d'extinction parce qu'ils n'ont plus la place de vivre du fait de notre expansion humaine, il y a des prises de conscience à faire. Quand les orangs-outangs disparaissent parce que leur habitat est saccagé par l'exploitation forestière, il faut penser à se remettre en question.
Ce n'est pas parce que la densité de population en France métropolitaine est inférieure à celles de certains de nos voisins comme l'Allemagne, les Pays-Bas, voire l'Italie ou l'Angleterre, qu'il faut continuer dans cette voie. Je me réjouirais qu'elle soit encore bien plus faible, comme aux Etats-Unis par exemple, et que nous puissions profiter de bien plus d'espaces sauvages et semi-sauvages, où la nature puisse se perpétuer tranquillement à l'abri des nuisances de notre civilisation irrespectueuse.
« Croissance durable » nous dit-on ? Ce n'est rien de plus qu'une expression marketing qui veut dire « on ne change rien et on continue ». D'autres parlent de « décroissance soutenable », selon les mots de ce même conférencier dont je ne sais toujours pas le nom. Ce n'est pas une option, c'est une nécessité. Malheureusement, cette expression est généralement caricaturée comme voulant dire revenir à l'Age de pierre. Ce n'est clairement pas comme ça que je l'entends. J'ai envie de vivre dans un monde moderne en profitant des bienfaits du progrès. Alors il faut développer nos technologies pour qu'elles soient plus propres et respectueuses de la vie, et qu'elles permettent à une population moins abondante de vivre plus pleinement sans que cela n'implique de scier la branche sur laquelle elle est assise.
Nous n'avons le contrôle pour ce faire que de notre seul territoire, et cela ne nous prémunira ni de la pollution qui se répand à travers le monde, tant par l'air que par les eaux, ni des dérèglements climatiques globaux. Par contre, nous pouvons au moins éviter d'y contribuer et démontrer qu'une alternative préservant notre mode de vie est possible. De même, on ne peut non plus empêcher certains pays d'entretenir une natalité galopante. Mais à défaut de pouvoir nous préserver de l'inconséquence écologique d'autrui, nous avons la possibilité de nous prémunir contre leur inconséquence démographique. Et c'est bien dans ce contexte qu'il faut inscrire le coup de frein à l'immigration. Parce que notre responsabilité n'est pas d'assumer les erreurs des autres mais de démontrer par l'exemple la validité d'une voie différente, dictée par le bon sens : rééquilibrer notre système social pour permettre la décroissance. Afin de cesser de compter sur les générations futures pour payer les retraites et le bien-être des générations actuelles.
Mais est-il encore temps ? N'est-il pas déjà trop tard ? Il n'est certainement jamais trop tard pour prendre conscience. Mais peut être est-il déjà trop tard pour sauver la mise et rectifier le tir en douceur. Nous ne le saurons qu'en essayant. Le seul risque que nous prenons à essayer, c'est celui de réussir. Et en cas d'échec, au moins pourra-t-on limiter les dégâts.


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