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 RESPECT ET VERITE
Ch.06: Qualité et consommation

06 : qualité et consommation

Quidam :
Vous êtes un optimiste, vous, hein ?

PG :
Je me vois plutôt en réaliste.

Quidam :
Alors, en dehors de ces questions d'énergies, que pouvons-nous faire d'autre pour améliorer les choses au niveau environnemental ?

PG :
Il n'y a qu'une chose à faire : arrêter de détruire la nature ! Ou du moins, histoire de rester réaliste, réduire très fortement notre nuisibilité. Cette destruction découle directement de l'exploitation irréfléchie des ressources diverses de la planète, mais aussi de l'empoisonnement globalisé de celle-ci par la pollution. Toutefois, les causes ne relèvent pas toutes de la même catégorie.
Il y a des ressources dont nous aurions du mal à nous passer du jour au lendemain, sauf à basculer brusquement dans un mode de vie totalement différent. Les hydrocarbures par exemple, omniprésents à ce jour et notamment dans les transports. Si nous les supprimions, notre société s'arrêterait et nous quitterions illico l'Age du plastique pour revenir à l'Age de pierre. Certains semblent le souhaiter, mais pas moi. Je ne suis pas plasticophile, mais je n'ai pas particulièrement envie pour autant de revenir à l'Age de pierre. Je vote pour l'évolution, pas pour la régression. Mais ce n'est pas pour autant qu'on ne peut rien faire. Entre les extrêmes, il y a toujours une juste mesure.
Prenons les destructions engendrées par l'exploitation des ressources destinées aux biens manufacturés, sans oublier toute la pollution afférente tant en début qu'en fin de cycle de vie du produit. Avec nos processus industriels actuels, de la mine au produit destiné au consommateur, pour une semi-remorque de produits finis, nous en générons plus de trente de déchets. Réduire ce besoin en produits finis améliorera donc déjà considérablement le problème environnemental. Le facteur d'explosion démographique et le souhait de tous les habitants de la planète ou presque de bénéficier du meilleur niveau de confort consumériste rendent cet objectif difficile à atteindre. Nous en avons déjà parlé et ça demeure le facteur clé. Mais pour autant, si les biens étaient plus durables, la demande provenant du marché de renouvellement serait plus réduite, et il n'y aurait pas besoin d'en produire autant. Ipso facto, la consommation de ressources diminuerait, et la pollution avec.

Quidam :
C'est du simple bon sens effectivement.

PG :
Et pourtant, tous les étudiants d'école de commerce sont déformés avec le cas Singer. Cette entreprise de fabrication de machines à coudre increvables faisait des produits d'une telle qualité, qu'une fois les ménages du pays équipés, elle a failli faire faillite faute d'avoir un marché de renouvellement pour maintenir son activité. Alors depuis, tous les grands producteurs de biens de consommation ont des bureaux d'études, avec des ingénieurs très pointus, qui étudient et conçoivent des produits à durée de vie limitée, pour forcer un marché de renouvellement. Les produits sont prévus non seulement pour avoir une défaillance au bout d'une durée d'utilisation moyenne, mais aussi pour que cette défaillance ne soit pas réparable. Un exemple simple est de sous-dimensionner les roulements à bille du tambour d'une machine à laver, et de les noyer dans une coque plastique moulée autour, donc non démontable, et non réparable. Votre machine est programmée pour durer de 7 à 10 ans environ, un peu plus ou un peu moins selon votre utilisation et votre niveau de chance. Un autre exemple peut se constater avec les réfrigérateurs qui ont aussi connu une sacrée diminution de leur espérance de vie par rapport à ceux de nos grands-mères.
Comment peut-on accepter ces pratiques qui ne sont même pas secrètes mais officielles, bien qu'on n'en parle guère ? La législation prévoit que pour être commercialisable, un bien doive respecter une qualité « SLM », c'est-à-dire saine, loyale et marchande. Une machine à laver programmée de par sa conception même pour tomber en panne à un moment donnée, est-elle saine ? Si elle est conçue pour que cette panne ne soit pas réparable, est-elle loyale ? Mais cela n'émeut pas pour autant les pouvoirs publics qui sont toujours dans le raisonnement étroit que cela maintient des emplois… Et vous, vous payez ! Il faut traire la vache consommatrice… et tant pis si ça multiplie les déchets de notre société de consommation et détruit notre habitat naturel.
Puisque la garantie légale contre les vices cachés n'y suffit à l'évidence pas, ne serait-il pas approprié de simplement imposer des durées de garantie longues sur tous ces produits afin de dissuader les producteurs de les concevoir trop faillibles ? On vous propose un an de garantie standard, avec des extensions assez coûteuses à 5 ans. Mais c'est 10 ans de garantie qu'il faut imposer pour une machine à laver. Et en standard. Pas en option. Pour reprendre l'exemple de la machine à laver, concevoir une coque de tambour qui soit démontable peut effectivement engendrer un léger surcoût de fabrication, même si c'est à mon avis négligeable par rapport à l'intérêt de la réparabilité. Mettre un roulement à bille légèrement surdimensionné au lieu de l'inverse, ça ne coûtera par contre à peu près rien de plus mais éliminera quasiment tout risque de défaillance à ce niveau. Nous savons faire des machines performantes et quasi increvables. Alors faisons-en !
Mais essayez de faire valoir à un fonctionnaire de la DGCCRF, la direction générale de la consommation, de la concurrence, et de la répression de fraudes, que tel article, librement vendu en grande surface, est totalement impropre à l'utilisation à laquelle il est destiné, donc pas du tout conforme au principe de qualité slm, et il vous répondra que certes, il vous comprend, mais qu'en l'absence de textes définissant précisément ces critères pour le produit concerné, il est impuissant à intervenir. Donc, au mieux, vous parvenez à vous faire rembourser par le magasin si vous vous donnez la peine de réclamer, au pire, ce sont des produits qui finissent prématurément à la poubelle et alimentent le grand gaspillage mondial. Eventuellement, vous pouvez aussi vous lancer dans une action judiciaire au titre de la garantie pour non-conformité, mais comme toute procédure judiciaire, ça peut être très fastidieux et incertain en plus d'avoir peu d'impact au niveau du grand gaspillage planétaire.
En fait, je pense qu'il faut un organisme d'Etat en charge de contrôler tout produit de grande consommation préalablement à sa mise sur le marché, afin d'autoriser ou de refuser celle-ci en fonction du respect du principe de qualité SLM. Une telle autorisation de mise sur le marché, l'AMM, existe bien pour les médicaments. Alors pourquoi ne pas en généraliser le principe pour le bien des citoyens et de la planète ? L'Etat ne devrait-il pas être le premier défenseur des consommateurs au lieu de se décharger de ce rôle sur des associations de consommateurs à qui il oppose par ailleurs, bien trop souvent, sa très sourde oreille ?

Quidam :
Il est clair que le consommateur a souvent l'impression d'être pris pour une vache à lait. Il ne faut pas s'étonner que de plus en plus de gens soient intéressés par une Kia garantie 7 ans plutôt que par un autre modèle garantie seulement 2 et pour lequel le coût astronomique de l'extension de garantie à 5 ans maximum ne peut que faire hésiter à conclure entre un gros manque de fiabilité ou une volonté délibérée de vous vider le porte-monnaie.

PG :
Bien que la garantie de 7 ans vous assure essentiellement de la prise en charge de la panne éventuelle. Pas qu'elle n'aura pas lieu. Mais il semble légitime de penser que l'entreprise qui propose ainsi une garantie tellement plus étendue que les autres a une plus grande confiance dans la qualité de son produit.
Car en poussant le raisonnement, ne pensez-vous pas que si les constructeurs devaient davantage assumer le manque de qualité de leurs produits, ils intègreraient au cahier des charges de leurs bureaux d'étude des contraintes de facilité de réparation ? Pour certaines voitures, puisque nous en sommes à ce type de produit, faire changer l'ampoule d'un phare avant par un mécanicien expérimenté, dans un garage reconnu et honnête, peut demander jusqu'à trois quarts d'heure de main d'œuvre. Que dire sinon que le constructeur ne s'est visiblement pas posé le problème de la réparabilité sous prétexte que ses processus de fabrication prévoient l'assemblage séparé des phares et leur intégration par blocs entiers sur le véhicule ? Mais vous, par contre, face à un policier qui vous fait valoir un soir au bord d'une route que votre feu est défaillant et que vous devez le réparer immédiatement grâce à la petite boite d'ampoules de rechange que vous avez obligation d'avoir à bord, eh bien vous n'êtes pas sorti de l'auberge !
Alors pour le consommateur, plutôt perdu face à la multiplicité de l'offre, des données chiffrées validant le niveau de qualité des marques et de leurs produits seraient des plus précieuses. Il faut donc mettre en place un observatoire de la qualité avec remontée obligatoire de toutes les données pertinentes de la part des services après- vente divers, que ce soient ceux des constructeurs, des distributeurs, ou de centres indépendants. Voilà qui ira bien plus loin que les timides études menées par l'Institut National de la Consommation et dont ce pourrait d'ailleurs être le rôle.

Quidam :
Voilà surtout qui couperait l'herbe sous le pied de nombreux magazines automobiles ou de consommation divers dont l'un des intérêts est précisément de proposer ce genre d'étude.

PG :
Mais elles sont toujours assez restreintes par rapport à la quantité astronomique de produits, de marques et de modèles existants à la vente. On ne peut se contenter d'un point de vue aussi partiel au seul motif qu'il faille préserver le pré carré des magazines de consommateurs. Par ailleurs, je pense qu'ils seront ravis d'accéder à une base de données bien plus complète que ce dont ils peuvent disposer par eux-mêmes. Si l'organisme en charge de valider la qualité SLM d'un produit préalablement à sa mise sur le marché entretient par la suite dans sa base de données le référencement de chaque produit en vente sur le territoire, son fabricant, son lieu de fabrication, le nombre d'unités vendues, les statistiques de panne et les causes de celles-ci, ainsi que les temps de réparation et le coût des pièces détachées lorsque réparation il y a eu, nous aurons une bien meilleure appréciation de ce que nous achetons et pourrons alors choisir en meilleure connaissance de cause. N'ayez aucun doute que les fabricants entretiennent une telle base de données concernant leurs produits. Mais ils se gardent bien de les rendre publiques, le flou leur profitant, à eux et à leurs distributeurs. Il est temps d'injecter plus de transparence dans tout ça afin que le flou disparaisse et que chacun soit bien davantage mis face à ses responsabilités.

Quidam :
Mais il y a tout de même des produits difficilement réparables et à faible durée de vie. Les téléphones portables par exemple. En acheter un neuf coûte moins cher que de simplement chercher la panne et faire un devis. Il n'y a pas grand-chose à faire là- dessus.

PG :
Croyez-vous ?
L'électronique est certes plus facilement jetable que réparable, je vous l'accorde. Mais pourquoi votre amplificateur de chaîne hi-fi peut-il durer plus de vingt ans alors qu'un téléphone portable a une durée de vie estimée à un an seulement en moyenne ? Un téléphone sans-fil pour une ligne fixe peut facilement vivre une dizaine d'années, et même bien plus, alors que c'est la même technologie qu'un téléphone portable. Alors est-ce vraiment un problème d'électronique ? Si l'électronique était aussi peu fiable, les programmes spatiaux ne seraient pas ce qu'ils sont.

Quidam :
L'usage est très différent : le portable va dans les poches, il prend des chocs, il tombe.

PG :
Comme les gens sont négligents ! Pauvre téléphone portable à la rude existence.
Croyez-vous que les gens seraient aussi peu soigneux s'ils le payaient au juste prix ce portable ? Le système en place fait qu'avec un abonnement de téléphonie mobile comprenant un engagement de durée, vous pouvez avoir un téléphone portable basique pour un Euro symbolique, ou un appareil plus élaboré à un prix défiant toute concurrence. Dès lors la valeur de l'objet est diminuée et le soin qu'y porte l'utilisateur aussi. Si vous devez payer plusieurs centaines d'euros pour votre téléphone portable, n'y ferez-vous pas plus attention ?

Quidam :
Oui, évidemment !

PG :
Sa durée de vie sera alors supérieure, et ce d'autant plus que vous n'accepterez plus, vu le prix, que ce soit de la camelote dont les touches dysfonctionnent au bout de douze mois et un jour, juste après la fin de la garantie.
Mais avec le système actuel des abonnements GSM vous donnant droit tous les ans à un renouvellement à tarif très favorable de votre portable, le problème passe à peu près inaperçu. Parce qu'il a été déplacé. Au lieu d'acheter votre portable à son juste prix, vous surpayez votre abonnement. Dès lors, celui qui fait l'effort de faire durer son appareil engraisse encore plus les opérateurs de téléphonie mobile que celui qui en change tous les ans en générant un afflux de déchets électroniques peu recyclables. Bref, le consommateur vertueux est le dindon de la farce et les comportements négligents sont encouragés.
Il existe une loi contre la vente liée, qui a d'ailleurs, comme beaucoup de lois de bon sens, un mal fou à être appliquée, essentiellement du fait du peu de volonté des pouvoirs publics de les faire respecter. Le fait de facturer le portable un Euro symbolique suffit à sortir ces opérations du cadre de la vente liée, car vous pouvez prendre votre abonnement sans acheter le portable. Du coup, les opérateurs peuvent continuer à appâter les clients avec leurs offres surfacturées mais à portable quasi offert. A qui profite ce système ? Aux consommateurs ? Ou aux opérateurs et à leurs actionnaires ?

Quidam :
Quand même, il ne faut pas négliger la question de l'évolution très rapide de ces appareils. A quoi sert de les faire solides si au bout de six mois seulement ils sont techniquement obsolètes ?

PG :
Cela est vrai et pointe vers un tout autre problème : la course à l'aliénation par l'hypercommunicativité et l'hypertechnologie. Rester seul avec soi-même devient de plus en plus insupportable à beaucoup de gens qui fuient dans les innombrables fonctions de gadgets mobiles et dont l'utilité est assez contestable. Comment vous étonner ensuite de l'incapacité de beaucoup à faire face au moindre coup dur que peut proposer l'existence ? Quand va se développer la force intérieure des individus s'ils sont encouragés à ne jamais être en eux-mêmes, face à eux-mêmes ? Nos avancées technologiques sont de plus en plus grandes, mais nos personnalités de plus en plus petites. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes qui, en plus, risquent fort de faire des tumeurs cérébrales dans une vingtaine d'années, faute que nous appliquions le principe de précaution face aux effets sanitaires méconnus de ces ondes de plus en plus décriées.
Alors quel intérêt y a-t-il à pousser au développement de cette drogue technologique ? Le seul aspect positif que j'y vois c'est le frein à la procréation qu'il représente. Et l'effet sur les testicules des ondes émises par un appareil laissé dans sa poche n'en est qu'un aspect.

Quidam :
Vous affectionnez l'humour noir, je vois. Mais il n'est quand même pas envisageable d'interdire les portables.

PG :
Non. Il n'y a pas lieu de les interdire. Même s'il y a lieu de prévoir des zones blanches pour que les gens électro-sensibles souffrant au quotidien de cette pollution électromagnétique puissent vivre plus normalement. La société leur doit, à eux aussi, d'œuvrer pour satisfaire leurs besoins spécifiques.
Mais dans le reste du pays, à défaut d'interdire, il est nécessaire de rectifier les déséquilibres pour que cet instrument trouve sa juste place dans notre quotidien. Il y a de nombreuses situations et de multiples métiers où le téléphone portable se révèle un outil très utile. Il ne faut pas le diaboliser. C'est son usage qui doit trouver la bonne mesure. Le prince Siddhârta a atteint l'état de Bouddha en découvrant les vertus de la voie du juste milieu. Alors au lieu d'encourager les extrêmes, incitons à la juste mesure. Nous en serons bien plus heureux.

Quidam :
A l'évidence, vous ne comptez pas sur de simples discours moraux pour ça. Alors quelles mesures pour pousser à la juste mesure ?

PG :
Il fut un temps préhistorique où les téléphones portables prenaient la forme de petites valises. Les développements techniques ont favorisé la miniaturisation, évolution qui justifiait la tendance à vouloir renouveler son appareil pour un plus petit, un plus commode. Mais maintenant, ils ont clairement atteint une certaine maturité. Difficile de les faire plus petits alors que les doigts arrivent déjà tout juste à presser une seule touche à la fois. Ou alors il faudrait passer à la simple oreillette avec fil micro et reconnaissance vocale. Mais alors il n'y aurait plus d'écran pour les quelques autres fonctions utiles qu'ils peuvent proposer comme le GPS. Alors puisque l'écran est utile, il devient tactile. Mais jusqu'où ira-t-on ? L'ajout d'un insignifiant gadget justifie-t-il de vouloir jeter son appareil pour en acheter un autre ? Les développements techniques de cet appareil ne sont pas terminés, et ne le seront probablement jamais vraiment. Toutefois ils ont atteint un niveau suffisant qui ne justifie plus d'en encourager le gaspillage. Le temps est donc mûr pour instiller un peu plus d'équilibre dans ce secteur.
Et je vois deux mesures faciles à prendre pour inciter à ce rééquilibrage. La première, c'est évidemment d'interdire la vente à prix cassé moyennant engagement d'abonnement de 12 ou 24 mois. Et interdiction donc aussi du verrouillage des téléphones portables sur un seul réseau. Que les consommateurs achètent normalement leur appareil, au prix normal, et avec les exigences qu'ils sont en droit d'avoir pour ce type d'achat, notamment en terme de garantie d'une durée suffisante, c'est-à-dire au moins 2, voire 3, ans. Et alors, vous verrez aussi que la surfacturation des abonnements permettant de couvrir le prix de tous ces appareils gaspillés tendra à disparaître.
Ensuite, il y a une deuxième mesure qui doit être envisagée. Trouvez-vous normal que, lorsque vous téléphonez à quelqu'un depuis votre ligne fixe, il soit si compliqué de savoir combien cela va vous coûter ?

Quidam :
Ah ça, la transparence du coût des communications téléphoniques reste un sujet de frustration. Le prix dépend non seulement du fait que l'appelé soit sur une ligne fixe ou sur un portable, mais en plus de l'opérateur de téléphonie mobile de celui-ci, chose qu'il est bien difficile de connaître à l'heure de la portabilité du numéro.

PG :
Bref, résigné, vous appelez, et vous verrez bien ensuite de combien vous serez ponctionné sur votre facture. Où est la transparence qu'est en droit d'attendre le consommateur ? Trouvez-vous normal qu'on puisse appeler un portable aux Etats-Unis pour le même prix qu'un fixe, et que cela soit moins cher que d'appeler un portable en France, lorsque ce n'est pas carrément gratuit ?
Nous ne devons pas avoir à nous préoccuper, lorsque nous appelons quelqu'un, de savoir si c'est un numéro de portable ou de fixe, ni même de qui est l'opérateur du destinataire puisque le tarif varie aussi en fonction de ça. Il doit être suffisant de se préoccuper du coût de l'appel selon notre propre opérateur de téléphonie. Si l'appelé est sur un portable plutôt qu'un fixe, ce doit être son problème, et le surcoût éventuel doit être à sa charge financière. Pas à la nôtre. Imaginez-vous comme cela changera les choses de faire payer à l'appelé le coût relatif au fait que ce soit un portable plutôt qu'un fixe ? Ce sera plus juste pour l'appelant, et beaucoup plus responsable pour l'appelé. Et je gage que des tas de gens découvriront subitement toute l'inutilité pour eux de pouvoir être joint à tout moment sur un portable. Je gage aussi que beaucoup d'adolescents, du moins ceux qui sont responsabilisés en assumant eux-mêmes le paiement de leur abonnement avec leur argent de poche, découvriront que, finalement, cet outil est moins indispensable qu'ils ne le pensaient et pas aussi fun que de se voir en vrai. Et nombre de parents se diront que, finalement, c'est cher payé pour préparer leur enfant à un futur cancer du cerveau. Du coup, les opérateurs de téléphonie se découvriront une marge de manœuvre insoupçonnée pour baisser les prix et limiter l'effondrement de leur marché…

Quidam :
Il est clair que le consommateur s'y retrouverait davantage.

PG :
Et quand début 2011 on voit apparaître, sans augmentation significative de tarif, des offres de triple play par ADSL, câble ou fibre optique, qui incluent désormais les appels en illimité vers les portables, on ne peut que se conforter dans le sentiment que les prix de ces appels sont très artificiellement élevés. Curieusement, et ceci expliquant certainement cela, nous constatons que les principaux fournisseurs d'accès Internet, ceux qui proposent ces offres, sont également les principaux opérateurs de téléphonie mobile, ces mêmes larrons qui ont déjà été condamnés de par le passé pour entente illicite sur les prix... Bien que cette fois, leur probable entente sur ce point aille plutôt dans le bon sens pour le consommateur. Une fois n'est pas coutume.
Toutefois je vous pose la question : est-ce qu'un gouvernement qui a vendu les licences de téléphonie mobile aux opérateurs à coups de centaines de millions peut prendre ce genre de mesures ? Bien sûr que non. Il est compromis dans un marché de dupes. Et les dupes, c'est nous ! Sous prétexte de vendre les licences très chères pour diminuer le déficit de son budget, l'Etat se commet à en protéger ensuite la profitabilité pour les opérateurs. Il est donc engagé à préserver la capacité de ces opérateurs à nous traire.
Comment dès lors espérer que le gouvernement ait le souci de l'intérêt des consommateurs qui pourtant l'ont élu dans ce but ? Le souci du principe de précaution pour préserver votre santé ? Le souci de limiter les déchets électroniques pour préserver l'environnement ? S'il est incapable de prendre des mesures concrètes pour limiter la pollution visible, comment espérer qu'il se préoccupe de la pollution invisible, comme l'est la pollution électromagnétique ? Le problème des antennes relais dont l'impact sur la santé des habitants voisins commence seulement à être pris en compte, et souvent uniquement près des maternelles, démontre à quel point le principe de précaution passe après les intérêts financiers des entreprises avec lesquelles les politiciens se sont compromis.
Ce n'est pas ce que la société attend des dirigeants qu'elle a élu. Le gouvernement doit être le premier acteur de la défense des consommateurs. Des associations comme l'UFC-Que Choisir ou le CLCV, dont je loue par ailleurs les actions, ne devraient pas avoir besoin d'exister.

Quidam :
Je suis assez d'accord avec vous. Il est dommage qu'il faille que des associations comme celles-là se mobilisent pour que les pouvoirs publics se décident enfin à intervenir et interdire l'usage des numéros surtaxés pour les services après-ventes. Devoir payer pour que ceux-ci assument la contrepartie obligatoire de leur activité commerciale était très clairement une arnaque.

PG :
S'il y avait une autorité, peut-être une version plus responsabilisée de l'Autorité de Régulation des Télécoms, en charge de valider l'attribution des numéros à tarification spéciale en fonction de la justification de celle-ci par un service parfaitement autonome, croyez-vous que nous aurions ce genre de dérives ? Jamais les divers numéros SAV des commerçants n'auraient été ainsi surtaxés. Mais à contrario, un service de dépannage indépendant par téléphone, par exemple pour une assistance informatique, donc non lié par une obligation découlant d'une opération de vente, peut lui, valablement, utiliser la surtaxe téléphonique pour sa tarification. Au même titre que les téléphones roses, la météo par téléphone ou la voyance en direct. Du moment du moins qu'il n'y a pas de facturation complémentaire ensuite, afin d'éviter les cumuls malhonnêtes. Quant aux numéros 0811 et assimilés, soi-disant au tarif local, qui empêchent la gratuité lorsqu'on les appelle avec des forfaits illimités, parce qu'en fait ça contribue au coût du réacheminement vers un centre d'appel à l'étranger, ils auront intérêt à avoir de bons arguments pour faire valider leur demande.
Je suis pour la liberté d'entreprendre, mais dans le respect d'autrui. Cela exclut donc la liberté de faire n'importe quoi et implique, de la part des pouvoirs publics, un contrôle des pratiques commerciales qui soit plus soucieux qu'actuellement du respect des consommateurs.

Quidam :
Il est clair qu'il n'y a que l'embarras du choix pour pointer du doigt des pratiques commerciales ayant dérivé.

PG :
Comme la publicité par exemple. Voilà un autre domaine où il y a matière à faire preuve de ce genre de contrôles plus rigoureux. Si vous regardez attentivement, la plupart des publicités sont mensongères à un degré ou un autre. Ne serait-ce que par des photos trop flatteuses pour le produit par rapport à ce qu'il est réellement. Les astuces de tournage dans les spots télévisés pour arranger la réalité ne sont pas ce qui manque non plus.

Quidam :
Comme la retouche des photos de mannequins ?

PG :
Non. Les mannequins ne sont pas le produit que l'on vend. Ils ne sont qu'un présentoir. Ce que vous mentionnez est un problème différent. Vous connaissez le dicton : « le doigt montre la Lune, mais l'idiot regarde le doigt ». Si certains consommateurs ont la naïveté d'acheter un produit parce qu'il a un beau présentoir, ça ne regarde qu'eux. A eux de mûrir. Ce qui m'importe, c'est que le produit vendu soit présenté pour ce qu'il est réellement, sans artifice trompeur.
Si toutes les publicités sont soumises à l'agrément préalable du Bureau de Vérification des Publicités à qui doit être donné mission de chasser toutes ces astuces de mise en scène, slogans trompeurs, et assimilés, au moins retrouvera-t-on plus de sincérité dans la communication commerciale. Il est normal pour une entreprise de communiquer pour faire connaître son produit. Mais il faut cesser de chercher à arranger la réalité pour tromper le consommateur. Et c'est la mission des pouvoirs publics de faire la chasse à ces dérives parce que c'est leur mission de satisfaire le besoin de sécurité des individus. Il ne faut pas chercher à protéger le consommateur de sa propre naïveté, mais il faut certainement le préserver de la tromperie. Or, ce que nous constatons à ce niveau de la part de l'autorité compétente, c'est plutôt un certain laxisme, pour ne pas dire un laxisme certain, alors qu'elle semble très prompte à la censure de campagnes de pub risquant de choquer la moralité. Mais ça, pour le coup, ça me semble déplacé. Qu'une pub joue avec la moralité, du moment que ça n'incite pas à manquer de respect à son prochain, je n'y vois pas d'inconvénient. Et si certains en sont choqués, eh bien qu'ils s'interrogent sur leurs rigidités.

Quidam :
Je n'étais guère satisfait de la société, mais à vous écouter, j'ai l'impression qu'elle va encore plus de travers que je ne l'imaginais.

PG :
Si c'est signe que vous prenez conscience de certaines réalités, alors je n'en suis pas désolé du tout. Et ce d'autant que s'il y a des sujets planétaires sur lesquels je suis un peu pessimiste, pour ce qui reste du ressort de notre capacité d'action, c'est-à-dire essentiellement les problématiques nationales, celles qui ne dépendent que de nous, je ne vois que des solutions. Y compris lorsqu'il s'agit de faire face à un contexte mondial peu réjouissant.
Alors pour en revenir à l'impact très réel et très positif sur l'environnement que peut avoir la simple moralisation des pratiques commerciales, il est clair que le redressement passe par l'engagement de la société, et donc de son gouvernement. Mais d'un gouvernement effectivement dédié à la satisfaction des besoins de son peuple et soucieux de favoriser la quête du bonheur de ses citoyens. Car avec un système équilibré et responsabilisant, nous pouvons vivre avec le modernisme et profiter des améliorations de la vie courante qu'il peut apporter plutôt que d'en être réduit à choisir entre nous autodétruire ou régresser à l'Age de pierre.


Continuez avec le chapitre 07